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Préface.

parer les sensations que j’éprouve à la fin de cette revue qu’à celles des malheureux mis à la torture, lorsque, pour en obtenir des aveux, on augmentait progressivement leur supplice en passant de la question simple à la question composée[1]. »

Certes, M. Charles Nisard n’y va point, comme on dit, de main morte, et à le voir asséner un tel coup, on ne soupçonnerait guère qu’il ait tant souffert. Son arme, nous voulons dire sa comparaison en est toute faussée et hors de service ; car la torture apparemment n’avait rien de volontaire, et quel est donc le bourreau qui a condamné M. Charles Nisard à se faire l’historien de la littérature du colportage ?

Plus sévère qu’Oberon, qui ne semble châtier que pour se donner ensuite le plaisir de pardonner, M. Charles Nisard est sans pitié pour le héros de notre poëme : « La conduite d’Huon, dit-il, n’est pas toujours irrépréhensible. L’amour entr’autres lui fait commettre des sottises qui ne seraient pas pardonnables à un bachelier[2]. »

Il est vrai que Huon commet des sottises, une surtout qui rappelle la sottise commise par Enée

  1. Histoire des livres populaires ou de la littérature du colportage depuis le XVe siècle jusqu’à l’établissement de la commission d’examen des livres de colportage (30 novembre 1852), par M. Charles Nisard, secrétaire-adjoint de la commission, T. II, p. 533. — Paris, Amyot, 1854, 2 vol. gr. in-8o. — Un écrivain qui avait effleuré le même sujet il y a trente ans, M. Emile Morice, nous paraît avoir jugé plus heureusement le poëme de Huon de Bordeaux. (Voyez la Revue de Paris, t. XXIV, 1831, p. 90.)
  2. T. II, p. 536.