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Huon de Bordeaux

Dist l’amirés : « Bien veul çou créanter ;
« Encor vait bien s’ensi puis escaper.
« Avois ! escrie, ù sont mi homme alé ?
« Ai ge nul homme tant hardi ne osé ?
« Se il pooit ce gaiant conquester,
« Jou li donroie Esclarmonde al vis cler,
« Et le moitié aroit de mon regné. »
Mal de chelui ki .i. mot ait sonné,
Tant redoutoient Agrapart le dervé !
6360Voi le Gaudise, s’a tenrement plouré.
Dist Agrapars : « N’i vaut riens dementers ;
« Il vous convient .iiii. deniers donner :
« Vous nen serés par nul honme tensés. »
Dame Esclarmonde voit son pere plorer,
Moult bielement le prist à apieler.
« Peres, dist ele, envers moi entendés :
« Se vous, biau sire, ne m’en saviés mal gré,
« Je vous diroie mon cuer et mon pensé. »
Dist l’amirés : Naïe, par verité,
6370« Se vous en jur, par Mahommet mon Dé,
« Bien poés dire toute vo volenté,
« Que ja par moi n’en averés nul mel.
— Sire, dist ele, par Mahommet mon Dé,
« J’ai le François encore emprisonné ;
« [bQui le messaige ot çaiens aporté ;
« Encor est il en vie et en santé :]
« S’il vous plaisoit, je l’irai amener.
« S’il voloit faire le bataille campel,
« Vous l’en lairiés tout par amors aler. »
6380[bDist l’amirals : « Alés, si l’amenés.
« Se il voloit por moi en camp entrer,
« Jou li feroie et amour et bonté. »
Cele s’en torne, n’i a plus demoré.
Li viex Geriaumes est aveuc ele alés ;]
Anbedoi sont dedens le cartre entré,