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Huon de Bordeaux

« Jou li proiai, par loial amisté,
« Qu’en .i. tel lieu les me fesist bouter
« Que nes péusse ne perdre ne oster.
« Adont les mist Geriaume ens u costé,
9740« Deseur le hance li fist enséeler,
« Par faerie, par le Dieu volenté ;
« Car de tel homme n’oïstes ainc parler.
« Dont m’en revin arriere en mon rené,
« Si amenai le fille l’amiré,
« C’est Esclarmonde, qui tant a de biauté ;
« Véés le là par delés che piler.
« Se vous voloie aventures conter,
« Comment revinc et comment pasai mer,
« Jou en poroie dire à moult grant plenté,
9750« Mais ci endroit ne vaut riens li conter.
« Et que diroie, se Dix me puist sauver ?
« Moult ai éu de grandes povretés.
« Arriere vinc à Romme la chité ;
« Là fis me feme bautisier et lever,
« Et si le pris à moillier et à per.
« Li apostoles, ki gentis est et ber,
« Si m’aït Diex, chieus le m’a espousé.
« Se de tout çou, frans rois, ne me créés,
« A l’apostole, à Romme, envoierés
9760« Et pour savoir se je di verité.
« S’il ne tesmoigne çou que jou ai conté,
« Je vous otroi, certes, que me pendés,
« Car ne dirai hui cose en cest ostel
« Que jou n’en sache les ensegnes mostrer.
« Et encor plus, certes, n’ai pas conté :
« Jou repairoie du païs d’outre mer,
« Or et argent raportoie à plenté ;
« Mes pelerins avoie ramené
« Que me carçastes, quant vint au desevrer,