Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxiv
Sommaire.

pare du cheval de Charlot, retourne près de Gérard et lui demande : « Frère, pourras-tu te tenir à cheval ? — Je ne sais, répond le blessé, mais bande-moi ma plaie, je te prie. » Huon déchire un pan de son bliaut, bande la plaie de son frère, et, aidé de ses compagnons, le soulève et le met à cheval. — Gérard s’évanouit trois fois. Dès qu’il peut parler, il adjure Huon de fuir, de retourner à Bordeaux auprès de leur mère. Huon s’y refuse : il veut aller à Paris ; il veut voir l’empereur ; il l’accusera de trahison. Les deux frères reprennent donc le chemin de la grande cité. P. 25-29.

Dans le même temps les compagnons d’Amaury l’interrogent : « Qu’allons-nous faire ? Charlot est mort ; laisserons-nous aller ainsi celui qui l’a tué ? — Oui, répond Amaury, laissons-le aller en paix, et que Dieu le maudisse ! Nous le rejoindrons à Paris. Quand nous serons devant le roi, je lui mettrai sous les yeux le corps de son fils. Dans tout ce que je dirai, soyez d’accord avec moi : je vous en récompenserai si bien que vous en serez riches à toujours. » — Ils sortent du bois, et trouvent Charlot gisant à terre, la tête fendue jusqu’à la poitrine. Ils le soulèvent sur un bouclier ; Amaury le place devant lui à l’arçon de sa selle, et ils s’acheminent ainsi vers Paris. P. 29-30.

Cependant les deux frères ont retrouvé l’abbé de Cluny. « Qu’avez-vous fait ? leur demande-t-il. — Seigneur, répond Huon, nous avons tué un homme. — Enfants, reprend l’abbé, ce m’est une grande douleur ; mais puisqu’il en est ainsi, je ne puis vous faire défaut, je vous aiderai toujours de ma parole. » À ces mots Huon se retourne, et voit venir avec effroi derrière lui les traîtres qui sont sortis du bois.