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Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/76

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Sommaire.

un mois elle sera guérie. Huon demande alors à être entendu de nouveau : il a tué, dit-il, le meurtrier de Gérard ; mais il ignore qui il est. Il sait seulement que derrière lui on apporte son corps. Il raconte à l’empereur toutes les circonstances de sa rencontre, puis il ajoute : « Sire, je suis venu à votre cour sous votre sauvegarde ; je dois être traité selon le droit, car je suis votre pair, vous le savez. Quel que soit celui que j’ai tué, je me soumets à la justice de France, au jugement des Bavarois et des Allemands. — Huon, dit Charles, asseyez-vous sur ce banc et buvez de ce vin blanc dans ma coupe. Eussiez-vous tué Charlot, mon fils que j’aime tant, soyez sans crainte, si l’on ne peut vous reprocher une trahison à vous-même. » P. 31-37.

Charlemagne appelle Gautier et Enguerrand : « Seigneurs, leur dit-il, allez promptement me chercher Charlot. » Ils obéissent, et pendant qu’ils le cherchent par la ville, voici qu’Amaury l’apporte mort et sanglant. Ses compagnons pleurent et poussent des cris de douleur. L’émotion est grande dans la cité quand on reconnaît Charlot. Bourgeois dames, écuyers et sergents, se tordent les poings et s’arrachent les cheveux. Ils arrivent au palais. Charlemagne entend leurs cris ; il écoute et dit au duc Naimes : « J’entends le nom de mon enfant ; c’est lui qu’a tué Huon ! pour Dieu, allez-y voir. » Le duc descend les degrés de marbre, et au pied du perron il reconnaît avec effroi Charlot, tout sanglant et la tête fendue jusqu’à la poitrine. — On monte au palais le corps de l’enfant ; on l’apporte devant le roi de Saint-Denis, « Juste empereur, s’écrie le traître Amaury, recevez votre enfant bien aimé ! » Charles l’entend et tombe évanoui sur le corps de son fils. « Sainte