Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/87

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d’une grande émotion, tant vous ressemblez à un franc baron que j’ai vu autrefois, à Séguin, duc de Bordeaux. — Avez-vous donc connu le bon duc ? répond Huon. — Oui, certes, sire, je l’ai connu. » — Huon raconte alors son histoire à Jérôme : c’est le nom du vieil ermite. Il lui demande ensuite d’où il est, et veut savoir qui l’a amené dans ce pays lointain. P. 87-91. — Récit des aventures de Jérôme, qui se trouve être le frère du prévôt Guirré. P. 91-93. — « Puisque vous connaissez ce pays, lui dit Huon, vous pouvez m’être d’un grand secours en m’enseignant le chemin de Babylone. — Soyez sans crainte, répond Jérôme ; je vous y conduirai moi-même ; j’y suis allé mainte fois, et je connais bien l’amiral Gaudisse. Deux chemins mènent à Babylone : l’un en quinze jours, mais à travers les plus grands périls ; l’autre en un an, mais il est sûr, et l’on y rencontre nombre de bonnes hôtelleries de bourgs, de villes, de châteaux et de cités. — Que Dieu me confonde, dit Huon, si je suis assez fou pour perdre une année à un voyage que je puis faire en quinze jours ! Mais, dites-moi, Jérôme, quels sont les dangers du chemin le plus court ? — Il y a, répond Jérôme, un grand bois à traverser, un bois redoutable de quarante lieues de long. C’est le séjour d’un nain qui n’a que trois pieds de haut, mais qui est d’une beauté accomplie, car il est plus beau que le soleil en été. Il s’appelle Oberon. Quiconque entre dans le bois ne peut lui échapper, s’il a le malheur de lui parler, et une fois en son pouvoir, il y demeurera toute sa vie. Vous n’aurez pas fait douze lieues dans ce bois que vous le verrez devant vous ; il vous parlera au nom du Dieu tout-puissant, et de telle façon que personne ne saurait se méfier de lui. Si vous refusez de lui répondre, il en sera si tour-