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v. — la date

luctable, de placer la continuation de l’Entrée d’Espagne, après 1343, date de la Pharsale. Cette continuation, d’ailleurs, n’est pas achevée : il est manifeste, comme l’a bien vu Mussafia[1], que les derniers vers terminent une tirade, mais non le récit de la prise d’Astorga.

L’absence, dans l’inventaire de la bibliothèque de Francesco Gonzaga, de tout manuscrit fournissant la suite de ce récit autorise à penser que cette suite ne s’est pas perdue, mais n’a jamais été écrite. C’est le même cas que pour l’Entrée d’Espagne proprement dite ; le Véronais a continué le Padouan, mais il n’a pas trouvé lui-même de continuateur, au moins en langue française. Est-ce par lassitude qu’il s’est arrêté, et la composition de la Pharsale et de la Passion (œuvre non datée expressément, mais qui appartient à la fin de sa carrière[2]) a-t-elle été pour lui une manière de délassement ? Il serait pourtant plus naturel de considérer la continuation de l’Entrée d’Espagne comme son dernier ouvrage et de supposer que c’est la mort qui lui a fait tomber la plume des mains. Notons d’ailleurs que nous manquons également de documents sur la date de la mort de Nicolas de Vérone[3] et sur le nombre d’années

  1. Prise de Pampelune, Introd., p. iii.
  2. La Passion débute ainsi :

    Seignour, je vous ay ja pour vers e pour sentançe
    Contié maintes istoires en la lengue de Françe.

  3. Dans un mémoire paru en 1897, dans les Atti del R. Istituto Veneto, série VII, t. VIII, pp. 1290-1306, et intitulé : Di Nicoló da Verona, M. V. Crescini a signalé la mention d’un « D. Nicolaus de Verona legum doctor » dans un catalogue des professeurs de droit de l’Université de Padoue rédigé en 1382 et s’arrêtant à 1349 ; il est porté à croire que ce juriste, sur lequel tout autre renseignement fait défaut, est précisément notre auteur, hypothèse intéressante, mais qui ne fournit aucune donnée nouvelle pour la question chronologique que nous avons en vue.