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vi. — le succès

tels qu’ils étaient sortis de l’imagination du Padouan et de son continuateur Nicolas de Vérone. L’Entrée d’Espagne, c’est pour lui « li contes de la Spagne[1] », ou, avec plus de netteté et de précision, « la Conquixe de Spagne[2] ». C’est de ce poème qu’il a tiré ce qu’il dit en passant du combat de Roland et de Ferragu[3], des exploits de Roland à la cour de Perse et à Jérusalem[4], de la vaillance de Guron pendant la guerre d’Espagne[5], de la loyale conversion du jeune « Ixorés, fil a li rois Malzeris de Pampelune[6] ». Que son information provienne du texte français et non des versions italiennes dont nous allons bientôt parler, c’est ce que prouve le parfait accord du roman d’Aquilon de Bavière avec l’Entrée d’Espagne sur différents détails que les versions italiennes ont arbitrairement altérés : Roland commande à une troupe de 20.000 hommes et non de 20.600 ou 20.666 ; les deux frères qui vont à sa recherche en Orient appartiennent à la famille de Blois et non à celle de Brava (c’est-à-dire Blaye) comme dans la Spagna en vers, à celle de Floriville comme dans le Viaggio, à celle de Roussillon comme dans la Spagna en prose, etc. Ces indications suffisent, Aquilon de Bavière étant une œuvre insipide qui ne pouvait guère avoir d’influence sur l’évolution du roman chevaleresque[7].

  1. Romania, p. 569.
  2. Ibid., p. 568.
  3. Ibid., p. 568.
  4. Ibid., p. 566.
  5. Ibid., p. 566. Ce Guron (que les textes italiens appellent Algirone, Ghione, Lione, ou même Chirone) est une création de Nicolas de Vérone, dont M. Castets veut trouver, sans grande raison, le prototype dans Gui de Bourgogne ; cf. les Recherches déjà citées, p. 233.
  6. Ibid., p. 568.
  7. Je dois cependant attirer l’attention sur une curieuse coïncidence entre une donnée d’Aquilon de Bavière et un détail du combat