Page:Anonyme - L’entrée d’Espagne, tome 1.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VII
LA LANGUE

Le nombre des Italiens qui ont écrit en français, au moyen-âge, est relativement considérable[1], et les raisons qui les ont portés à préférer notre langue à leur idiome propre sont diverses. Bien qu’il ne soit pas absolument impossible de retrouver quelques traits généraux communs aux différents textes français de provenance italienne qui sont arrivés jusqu’à nous, on peut cependant affirmer, que chacun de ces textes a une physionomie propre et n’offre pas exactement les mêmes caractères linguistiques que le texte voisin. Et cela se comprend. Selon le degré de culture française que possède chaque auteur, il écrit plus ou moins correctement, il échappe plus ou moins à l’influence de sa langue maternelle.

Comment le Padouan à qui nous devons, l’Entrée d’Espagne s’est-il initié à la connaissance de notre langue ? Nul ne le sait. Mais il est probable que la lecture de nos chansons de geste a été un facteur important de sa culture française. Il a pu avoir sous les yeux et des manuscrits exécutés en France et des manuscrits exécutés en Italie, ces derniers déjà plus ou moins infectés d’italianismes. Dans un cas comme dans

  1. Cf. P. Meyer, De l’expansion de la langue française en Italie au moyen âge (Congrès de Rome, 1904).