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DANS LES MERS ASIATIQUES.

qu’aucune puissance n’était plus oppressive qu’elle-même, en appelant à la philanthropie pendant qu’elle affamait l’Irlande et l’Inde.

L’aristocratie anglaise, pendant qu’elle imposait à sa populace l’esclavage de la faim, certes le plus cruel de tous, appelait les peuples à l’indépendance et envoyait aux quatre coins du monde ces mots de liberté, d’humanité, de guerre à la tyrannie, qu’elle lançait aux autres États pour les incendier, paraissant n’en rien craindre pour elle-même et semblant pouvoir jouer avec le feu.

Elle a été jusqu’à se servir d’un droit sacré, le droit d’asile, comme d’une arme et d’un épouvantail dirigés contre tous les peuples, prouvant ainsi que, pour nuire aux autres nations, elle était capable de tout, même de faire le bien.

Les excès de la diplomatie britannique ont été trop souvent et trop bien appréciés pour qu’il soit nécessaire de s’y arrêter plus longtemps ; mais il n’en est pas moins surprenant de voir une puissance, que le chiffre de sa population ne plaçait guère qu’au second rang, opprimer, insulter, molester toutes les nations du monde sans paraître avoir rien à craindre de leur colère.

Une pareille audace n’était possible que pour l’Angleterre. C’est que, derrière le prestige d’invincibilité qu’elle s’attribuait et qui pouvait à la rigueur tromper certaines nations crédules ; derrière son astucieuse politique qui ne pouvait plus tromper personne, il y avait la force réelle, incontestable, de ses trésors et de sa marine, résultats immédiats de son immense puissance coloniale.