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xxxviij
introduction

seul ; c’est une longue prière d’Aimeri, sur le point d’être brûlé, vif. La présence de plus de 30 rimes exactes dans un passage en assonances assez libres (or, ox, ont), doit être imputée à un remanieur ; il est fréquent d’ailleurs de voir les rimeurs choisir une prière ou une invocation de ce genre, pour exercer leur talent poétique ; ainsi la dernière prière de Rollant dans le ms. d’Oxford a 5 vers, 9 dans le ms. de Cambridge et 16 dans celui de Châteauroux. (Oxford, laisse clxxviii, v. 2334, Voy. P. Meyer, Recueil d’anciens textes, p. 211, 228).

Vers le milieu du poème, on observe de nouvelles traces d’altérations. À partir de la laisse lxxiv qui présente une longueur jusqu’alors inusitée, les assonances deviennent moins libres et les finales el, ef, par exemple, dans les couplets en e, les finales in ist, dans les couplets en i, deviennent de plus en plus rares. Chaque couplet, au lieu de présenter des assonances entremêlées, est souvent composé d’une succession de tirades rimées exactement, genre de remaniement signalé chez les rimeurs du xiiie siècle[1]. À mesure qu’on avance dans la chanson, la tendance à rimer s’accentue ; ainsi la laisse ciii sur 19 vers, en a 14 rimés : la laisse civ, 13 sur 14 ; la laisse cv, 18 sur 21 ; la laisse cix, 23 sur 24, etc. ; enfin nous arrivons à la laisse cix, où pas une seule assonance n’a été conservée, et tout le reste du poème est entièrement rimé

à peu d’exceptions près.

  1. Cf. G. Paris, préface de la Vie de saint Alexis du xiiie siècle, p. 200.