ers la fin du xiie siècle, le personnage d’Aimeri
de Narbonne avait acquis dans la poésie
épique française une popularité égale à
celle de son fils Guillaume d’Orange, le héros primitif
de la geste, et l’on composa peu à peu un assez
grand nombre de poèmes spécialement consacrés à
ce nouveau héros. Les scribes des manuscrits cycliques
purent alors le considérer comme le centre d’un
groupe particulier et réunir dans une seule collection
toutes les chansons ayant Aimeri de Narbonne pour
principal acteur, à l’exclusion de poèmes qui, comme
Aliscans, le Charroi de Nismes, ou le Couronnement
Looys célébraient particulièrement la gloire et les
exploits de Guillaume d’Orange.
C’est l’enchaînement de ces poèmes disposés de façon à présenter en un seul récit tout ce que la légende racontait d’Aimeri, qui dut donner à un trouvère épique d’une époque postérieure, l’idée de suppléer à ce que cette légende avait d’incomplet et de terminer le