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Page:Anonyme - Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne.djvu/39

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xxxiii
introduction

est donc sortie des mains de son auteur dans un état aussi satisfaisant que la plupart des autres chansons. Elle a subi, par malheur, un grand nombre d’altérations qui, pour la plupart [1], doivent être attribuées au copiste.

Ce scribe, qui a eu l’heureuse idée de nous conserver la chanson à une époque où l’on ne copiait plus guère les vieilles gestes, n’avait aucune notion du rhythme, il estropie avec la même impartialité l’ancien décasyllabe ou le moderne alexandrin. En un mot, il a copié les vers comme il eût reproduit de la prose, suivant les lignes qu’il avait sous les yeux, sans s’occuper de la mesure. De là l’élision abusive de syllabes qui devaient être sonores, l’omission de voyelles nécessaires au vers, la suppression de la coupe féminine. Enfin, il a exécuté son travail avec une extrême rapidité, se souciant même assez peu du sens, passant, tronquant les vers ou omettant des mots. Il y a par suite une proportion vraiment extraordinaire de vers faux. M. Léon Gautier les a évalués à plus de mille. On n’en trouverait cependant pas plus de cinq

  1. On peut mettre, par exemple, au compte du remanieur, l’incorrection des v. 984, 2305, 2511, ainsi que plusieurs vers trop longs, qui semblent des alexandrins inachevés.