Page:Anonyme - Le roman de la rose ou de Guillaume de Dole.djvu/9

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et d’amour, est une chose nouvelle dont personne ne se lassera, et qu’un vilain ne pourrait retenir en sa mémoire. (Vers 1-30.)

Il y eut jadis un empereur d’Allemagne nommé Conrad (Corras), comme son père. Sage, courtois et généreux, il haïssait le péché et manger en été auprès du feu, ne faisait ni grand serment ni laid reproche, gouvernait par décrets et par lois, appréciait selon leurs mérites les riches et les pauvres, et s’entendait mieux que personne aux plaisirs de la chasse. Il valait un muid de ses successeurs. Protecteur de tout franc homme qui devenait son vassal, secourable aux vieux vavasseurs et aux dames veuves, retenant auprès de lui les bons chevaliers ou leur donnant terres et châteaux, il avait pour seule richesse sa cour, pleine de chevaliers. Dédaigneux des arbalètes, des mangonneaux et des perrières, il ne devait ses victoires qu’à la lance et à l’écu. (V. 31-119.)

Il n’avait pas encore de femme, et ses hauts barons en gémissaient mais ni leurs doléances ni leurs conseils ne le touchaient. L’été venu, il va s’établir au milieu des prés et des bois, ayant convié aux fêtes qu’il prépare nombre de comtes, de comtesses, de châtelaines, de duchesses, de dames, de vavasseurs importants. (V. 120-153.)

Voulant que chacun se fasse une amie et connaissant tous les tours d’amour, il conduit un matin les jaloux à la chasse ; puis, les y laissant, il vient retrouver sous les tentes les dames et les