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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

maître, de nous réveiller si matin ? Ce n’est pas son habitude. – Si tu veux, dit Ulespiègle, je le lui demanderai. » L’autre répondit oui, et Ulespiègle dit au forgeron : « Cher maître, comment se fait-il que vous nous éveillez si tôt ? Il n’est que minuit. – C’est mon habitude, répondit le maître, que pendant les huit premiers jours mes garçons ne doivent rester au lit que la moitié de la nuit. » Ulespiègle ne dit rien, ni son compagnon non plus. La nuit suivante, le maître les réveilla encore à minuit. Ulespiègle laissa son compagnon partir avec le maître, puis il prit son matelas et se l’attacha sur le dos. Quand le fer fut chaud, Ulespiègle descendit en courant de son grenier, vint à la forge et se mit à battre le fer, dont les étincelles sautaient sur le matelas qu’il avait sur le dos. Le maître lui dit : « Que fais-tu ? Es-tu fou ? Ne pouvais-tu laisser le lit à sa place ? – Maître, répondit Ulespiègle, ne vous fâchez pas ; c’est mon habitude de passer une moitié de la nuit sur mon lit et l’autre moitié dessous. » Le maître se mit en colère, et lui dit : « Rapporte-moi ce lit où tu l’as pris, et de là sors de chez moi, maudit polisson ! » Ulespiègle dit oui et monta au grenier, où il remit le lit où il l’avait pris. Puis il prit une échelle, fit un trou à la toiture, monta dessus, tira l’échelle sur le toit, la plaça de façon à pouvoir descendre dans la rue, descendit et s’en alla. Le maître, entendant du bruit, monta au grenier avec l’autre garçon, et vit qu’Ulespiègle avait fait un trou à la toiture et s’en était allé par là. Il saisit la broche et voulait courir après lui. Mais