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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

quatre pieds. Le lendemain il se présenta à la boutique du maréchal, où il fut reconnu. Alors la femme et la servante se mirent au balcon pour voir et entendre ce qu’il ferait. Ulespiègle demanda au maréchal s’il voulait lui ferrer son cheval. Le maréchal dit oui ; il était content de parler à Ulespiègle. De propos en propos, ils en vinrent à ce que le maréchal lui dit qu’il lui ferrerait pour rien un des pieds de son cheval s’il pouvait lui dire une vérité. Ulespiègle accepta et lui dit :

« Maître, n’oubliez pas qu’il faut
Forger le fer tant qu’il est chaud. »

Le maréchal dit : « C’est vraiment une vérité ; » et il lui fit cadeau d’un fer. Le garçon mit ce fer au cheval, et dit à Ulespiègle que s’il pouvait lui dire une vérité qui le concernât, lui aussi lui donnerait un fer. Ulespiègle accepta et dit :

« Pour qu’on estime son ouvrage,
Il faut qu’un garçon maréchal
Soit fort comme un jeune cheval,
Et de travailler fasse rage. »

Le garçon dit : « C’est également vrai ; » et il lui donna aussi un fer. En voyant cela, la femme et la servante eurent envie de parler à Ulespiègle et lui dirent que s’il pouvait leur dire à chacune une vérité, elles lui donneraient aussi un fer