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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

dans cette ville et s’engagea chez un brasseur. Il arriva que son maître voulut aller à une noce, et lui commanda de brasser de la bière pendant ce temps, du mieux qu’il pourrait, en se faisant aider par la servante, ajoutant qu’il viendrait l’aider le soir. Il lui recommanda surtout de faire bien bouillir le houblon, afin que la bière fût forte et en eût bien le goût, et qu’il pût la vendre avantageusement. Ulespiègle répondit qu’il ferait de son mieux. Le brasseur partit avec sa femme, et Ulespiègle se mit bravement à la besogne. La servante lui disait ce qu’il fallait faire, car elle savait le métier mieux que lui. Quant vint le moment où il fallait mettre le houblon, elle lui dit : « Mon cher, tu feras bien tout seul bouillir le houblon ; laisse-moi m’absenter pendant une heure et aller voir un peu le bal. » Ulespiègle dit oui ; mais il pensa aussitôt : « Si la servante s’en va, tu pourras faire une malice ; mais quelle malice feras-tu bien à ce brasseur ? » Or, le brasseur avait un grand chien, qu’il appelait Houblon. Ulespiègle prit ce chien, le jeta dans l’eau bouillante et le fit bien bouillir, au point que le poil, la peau et la chair se détachèrent des os. Quand la servante pensa qu’il était temps de rentrer et que le houblon avait assez bouilli, elle s’en retourna, et, voulant aider Ulespiègle, lui dit : « Vois, mon cher ami, le houblon a assez bouilli, arrête ! » Quand ils commencèrent à passer la bière, la servante lui dit : « As-tu au moins mis du houblon ? Je n’en vois pas de trace. – Tu le trouveras au fond, » répondit Ulespiègle. La servante plongea sa