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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

de m’en dispenser, en leur donnant plusieurs raisons, même que si j’écrivais ce qu’Ulespiègle avait fait en plusieurs endroits, cela pourrait les fâcher. Mais elles n’ont pas voulu accepter cette mienne réponse comme excuse, et elles ont insisté, me croyant plus habile que je ne suis, et n’ont pas voulu m’en tenir quitte. C’est pourquoi j’ai promis d’y employer mon peu d’intelligence, et j’ai commencé avec zèle, comptant sur l’aide de Dieu (sans laquelle rien ne peut avoir lieu). Et je prie un chacun de me tenir pour excusé, et de n’avoir pas ce mien écrit pour désagréable, ne voulant, en le faisant, offenser personne, loin de moi cette pensée ! mais seulement réjouir l’esprit dans les temps difficiles, et offrir aux lecteurs et auditeurs de bonnes plaisanteries et un joyeux passe-temps. Il n’y a dans ce mien méchant écrit ni art ni subtilité, car je suis malheureusement ignorant de la langue latine, et ne suis qu’un pauvre laïque. La lecture de ce mien écrit doit servir (sans préjudicier au service de Dieu) à raccourcir les heures pendant que les souris se mordent sous les bancs, et à faire trouver les poires cuites bonnes avec le vin nouveau. Et je prie ici un chacun, dans le cas où mon livre d’Ulenspiegel serait trop long ou trop court, de le corriger, afin qu’il ne m’attire pas de reproches. Je termine ainsi ma préface, et donne en commençant la naissance de Dyl Ulenspiegel, avec adjonction de plusieurs fables du curé Amis et du curé de Kalenberg.