Page:Anonyme - Les Aventures de Til Ulespiegle.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

Ulespiègle, ne vous fâchez pas ; votre mari me l’a commandé. Il m’a pris comme garçon. – Un joli garçon, dit la dame, qui fait du tort à son maître ! — Chère dame, dit Ulespiègle, un serviteur ne doit-il pas faire ce que son maître lui commande ? » En ce moment le barbier rentra, et ayant appris ce qu’avait fait Ulespiègle, il lui dit : « Comment, garçon ! ne pouvais-tu entrer par la porte, sans casser les vitres ? Quelle raison avais-tu d’entrer par la fenêtre ? – Cher maître, vous m’avez dit, là où étaient les grandes fenêtres, d’entrer par là et que vous me suivriez. J’ai fait ce que vous m’aviez dit, mais vous ne m’avez pas suivi comme vous l’aviez promis. » Le maître se tut, pensant qu’il se rattraperait et qu’il lui retiendrait cela sur ses gages. Il fit travailler Ulespiègle deux ou trois jours. Au bout de ce temps il lui dit de repasser les rasoirs. « Volontiers, dit Ulespiègle. » Le maître ajouta : « Tu les feras briller sur le dos comme sur le tranchant. » Au bout de quelque temps, il alla voir comment Ulespiègle s’y prenait ; il vit que les rasoirs qu’il avait repassés coupaient du dos comme du tranchant, et qu’il continuait de la même façon. Il lui dit : « Que fais-tu là ? C’est de la mauvaise besogne ! – Comment cela serait-il de la mauvaise besogne ? dit Ulespiègle ; il n’y a pas de mal, car je fais ce que vous m’avez dit. » Le maître dit en colère : « Je t’ai dit que tu es un fieffé mauvais sujet. Laisse-moi cela et va-t’en comme tu es venu. » Ulespiègle dit oui, et sauta par la fenêtre. Le barbier fut encore