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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

et à lui point. Ulespiègle lui dit alors : « Comment, Monsieur l’hôte, je paye aussi cher que ceux que vous envoyez coucher dans un lit, et il faut que je couche là, sur les bancs ? » L’aubergiste lâcha un vent bruyant et lui dit : « Tiens, voilà les draps ! » Il en fit un autre et dit : « Voilà un traversin ! » Il en fit un troisième très puant, et dit : « Tiens ! voilà un lit complet. Arrange-toi avec cela jusqu’à demain matin, et tu me mettras le tout ensemble, que je le retrouve. » Ulespiègle ne dit mot, et pensa en lui-même qu’il payerait ces malices par des malices plus grandes. Il dormit sur le banc. L’aubergiste avait une jolie table à compartiments mobiles. Ulespiègle l’ouvrit, fit dedans un gros tas d’ordure, et la referma. Le lendemain matin, il se leva de bonne heure, entra dans la chambre de l’aubergiste, et dit : « Monsieur l’hôte, je vous remercie de l’hospitalité que vous m’avez donnée pour cette nuit. » Il fit un gros pet et dit : « Voilà le lit de plumes, le traversin, les draps, les couvertures et le lit, j’ai mis tout cela en un tas. — C’est bien, Monsieur mon hôte, je verrai cela quand je serai levé. – Faites, dit Ulespiègle : regardez, et vous trouverez ce que je vous dis. » Là-dessus il s’en alla. L’aubergiste devait avoir beaucoup de monde à dîner et commanda de servir sur la belle table. Mais quand il voulut mettre le couvert, il sentit une mauvaise odeur, et il trouva ce qui était dedans ; il dit alors : « Il récompense selon l’œuvre, et paye un pet avec de la fiente. » Il l’envoya chercher afin de mieux l’éprouver. Ulespiègle revint et se réconcilia