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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

point fait cela par magie, et lui raconta toute l’affaire. L’évêque se mit à rire et lui donna les trente florins, en lui faisant promettre de ne raconter la chose à personne, ajoutant qu’il lui donnerait de plus un bœuf gras. Ulespiègle promit de garder le secret ; il quitta l’évêque et s’en alla.

Lorsque Ulespiègle fut parti, l’évêque, étant un jour à table avec ses chevaliers et domestiques, leur dit qu’il connaissait le secret pour faire que la femme cassât tous ses pots. Ses hôtes ne demandèrent pas à voir la femme casser ses pots, mais ils demandèrent à connaître le secret. L’évêque leur dit : « Si chacun de vous veut me donner un bon bœuf bien gras pour ma cuisine, je vous enseignerai le secret. » On était alors en automne, moment où les bœufs sont les plus gras, et chacun pensa que, quand il devrait perdre une paire de bœufs pour apprendre le secret, cela ne lui ferait pas grand’chose. Ils promirent à l’évêque chacun un bœuf gras, et le livrèrent effectivement, en sorte que l’évêque reçut seize bœufs gras. Et comme chaque bœuf valait quatre florins, il se trouva que les trente florins qu’il avait donnés à Ulespiègle lui rentrèrent au double. Or, comme les bœufs étaient réunis, Ulespiègle arriva à cheval et dit : « La moitié de ce butin m’appartient. » L’évêque lui dit : « Tiens-moi ta promesse et je te tiendrai la mienne ; laisse les maîtres faire aussi leurs affaires. » Il lui donna un bœuf gras, dont Ulespiègle le remercia. L’évêque réunit alors ses chevaliers et domestiques, et leur dit d’écouter, et qu’il allait leur ra-