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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

fous avec les fous, et les sages avec les sages ; si les princes étaient entourés de sages, ils seraient sages eux-mêmes ; mais comme ils s’entourent de fous, ils n’apprennent que des folies. » Alors quelques-uns lui dirent : « Quels sont les sages ? Ceux qui se croient sages sont souvent trompés par des fous. Il est convenable que les princes et seigneurs aient toute sorte de monde à leur cour ; avec les fous ils trouvent bien des distractions, et là où sont les seigneurs, là se trouvent volontiers les fous. » Alors les chevaliers et courtisans allèrent trouver Ulespiègle, et lui dirent d’inventer quelque ruse pour que le docteur fût payé de sa sagesse, lui promettant qu’ils l’aideraient, ainsi que l’évêque. Ulespiègle répondit : « Oui, nobles seigneurs, si vous voulez m’aider, le docteur sera bien payé. » Ils se mirent d’accord. Alors Ulespiègle partit pour aller passer un mois dans la campagne et réfléchir comment il s’y prendrait avec le docteur. Il eut bientôt trouvé son plan, et revint à Gevekenstein. Il se déguisa et se fit passer pour médecin. Or le docteur de l’évêque était souvent malade et se médecinait beaucoup. Les chevaliers lui dirent qu’il était arrivé un médecin qui était un très savant homme. Le docteur ne reconnut pas Ulespiègle. Il alla le trouver dans son auberge, et, après avoir échangé avec lui quelques mots, l’amena au château, et la conversation commença entre eux. Le docteur lui dit que, s’il pouvait le guérir de sa maladie, il le récompenserait généreusement. Ulespiègle le paya de paroles, comme c’est l’habitude des médecins,