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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

matin de bonne heure, quand le boulanger se leva pour faire le pain, Ulespiègle était là qui tamisait encore. Le maître vit qu’il tamisait la farine dans la cour ; la terre était toute blanche de farine. Alors le maître dit : « Que diable fais-tu là ? Est-ce que la farine ne m’a rien coûté, pour que tu la tamises dans la crotte ? – Ne m’avez-vous pas commandé, dit Ulespiègle, de tamiser dans le clair de lune sans lumière ? C’est ce que j’ai fait. – Je t’avais commandé, dit le maître, de tamiser au clair de la lune. – Eh bien ! maître, dit Ulespiègle, vous devez être content, car j’ai tamisé au clair de la lune et dans le clair de lune ; il n’y a que peu de farine de perdue, seulement une poignée. Je vais la ramasser ; cela ne fera aucun tort à la farine. » Le maître dit : « Pendant que tu ramasseras la farine, on ne fera pas la pâte, et le pain sera en retard. – Mon maître, dit Ulespiègle, je sais un moyen pour que nous ayons aussitôt fait que notre voisin. Sa pâte est dans le pétrin ; si vous la voulez, je l’irai chercher bien vite, et je mettrai notre farine à la place. » Le maître se mit en colère et dit : « Tu iras chercher le diable ! Va-t’en au gibet chercher le pendu, et laisse-moi la pâte du voisin tranquille. – Oui, » répondit Ulespiègle. Puis il sortit de la maison et s’en alla au gibet, au pied duquel il trouva le squelette d’un voleur qui était tombé à terre. Il le chargea sur ses épaules, l’apporta chez son maître, et dit : « J’apporte ce qui était au gibet ; qu’en voulez-vous faire ? Je ne sais à quoi cela peut servir. » Le maître dit : « Vois ! n’apportes-tu