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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

– Si tu y parviens, dit le duc, je te donnerai l’habit que j’ai sur moi. » C’était un camelot rouge brodé de perles. Ulespiègle accepta, monta à cheval, et s’en alla de Wolfenbüttel à Kyssenbrück, et descendit chez le curé, où il était connu, car il y avait été déjà souvent, et où il fut bien reçu. Quand il y eut séjourné pendant trois jours, il commença à faire comme s’il était bien malade, et ne faisait cas de rien, et s’alita complètement. Cela fit beaucoup de peine au curé et à sa servante, qui ne savaient que faire. Bientôt Ulespiègle fut si malade, que le curé l’engagea à se confesser et à se réconcilier avec Dieu. Ulespiègle y consentit. Alors le curé se mit en devoir de le confesser, et commença par l’exhorter à penser à son âme, car il avait eu dans sa vie bien des aventures, et à faire en sorte que le Seigneur tout-puissant lui pardonnât ses péchés. Ulespiègle répondit d’une voix faible qu’il n’avait rien à ajouter à sa confession, si ce n’est un péché qu’il ne pouvait lui confesser, et le pria de lui faire venir un autre prêtre, à qui il s’en confesserait ; car, s’il le lui révélait, il craignait qu’il ne se fâchât. Quand le curé entendit cela, il pensa qu’il y avait quelque chose là-dessous ; il voulut s’en assurer, et dit : « Cher Ulespiègle, il n’y a pas d’autre prêtre d’ici à bien loin, et je ne pourrais en avoir un de longtemps ; si tu mourais dans l’intervalle, toi et moi répondrions devant Dieu de ce retard. Dis-moi ce que c’est. Le péché ne peut être si grand que je ne puisse t’en absoudre ; d’ailleurs, que me servirait de me mettre en colère ?

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