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Page:Anonyme - Les langues et les nationalités au Canada, 1916.djvu/37

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LES LANGUES ET LES NATIONALITÉS AU CANADA

Donc, les promenades dans l’Ouest étant devenues un peu moins dangereuses, les gens d’Ontario commencèrent à y faire quelques voyages de découvertes. Et nos Bostonnais firent tout d’abord quatre constatations plus horrifiantes les unes que les autres. Ils s’aperçurent : 1o que la langue anglaise était loin d’être la langue dominante du pays ; 2o que la majorité des habitants n’étaient que d’affreux papistes ; 3o que les lois provinciales de l’Ontario n’étaient point en vigueur dans le pays ; et enfin, 4o, que malgré tout cela, les gens vivaient en paix les uns avec les autres. Vous comprenez que, pour des Bostonnais qui se respectent, c’était un état de choses qui ne pouvait durer.

Ils commencèrent donc à crier à la « French and Roman domination » ; ils voulurent déposséder les colons canadiens et métis des établissements qu’ils occupaient d’après les lois et coutumes du pays ; ils demandèrent au gouvernement d’Ontario d’envoyer des arpenteurs pour les aider dans leur œuvre illégale et parfaitement révolutionnaire. Et le gouvernement d’Ontario, qui n’avait pas plus d’autorité dans le pays que le gouvernement chinois, envoya les arpenteurs demandés. Ils commirent toutes sortes d’exactions et d’actes arbitraires tout à fait illégaux. Ce fut là l’origine des troubles.

Je crois que, l’année dernière, le premier ministre actuel de l’Ontario déclarait à des journalistes que le gouvernement ontarien n’était jamais intervenu dans les affaires des autres provinces. Je l’engage à relire l’histoire vraie des troubles de la Rivière-Rouge. Il s’apercevra qu’en faisant cette déclaration, s’il a été sincère, il a oublié, ou grossièrement ignoré, une page importante de l’histoire de sa province.

Je dis l’histoire vraie ; et je reconnais que pour un unilingue, il est bien difficile de la connaître. Car toutes les relations anglaises des événements de la Rivière-Rouge que j’ai pu me procurer pourraient s’intituler « légendes fantastiques » ou « contes à dormir debout » ; mais aucune ne mérite le nom d’histoire. Pour trouver un truquage aussi complet et une falsification aussi éhontée de documents historiques, il nous faut arriver à l’exposé de l’invasion de la Belgique par les historiens allemands. Dans les deux cas, c’est la même bonne foi, le même souci de la vérité historique.