Aller au contenu

Page:Anonyme - Les langues et les nationalités au Canada, 1916.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
LES LANGUES ET LES NATIONALITÉS AU CANADA

nègres dans l’Afrique centrale ; les droits à la vie de ces anciens habitants devaient être nécessairement réservés. La conclusion qui se dégage de l’étude de cette transaction, c’est que la compagnie réserva tous les droits qu’elle possédait réellement et vendit ceux qu’elle n’avait pas.

Mais, quoi qu’il en soit de cette transaction avec la Compagnie de la Baie d’Hudson, il est évident que l’Ouest ne pouvait entrer dans la Confédération canadienne sans qu’on établisse son « statut » comme province. Il fallait par conséquent des négociations et des arrangements entre le gouvernement d’Ottawa et les représentants autorisés des habitants de l’Ouest. Or, la H. B. Co. ayant donné sa démission de gouverneur, il n’y avait plus de gouvernement dans l’Ouest. Alors, sur instructions venues de Londres[1], les habitants de la Rivière Rouge et de l’Assiniboïa nommèrent des représentants : douze Anglais et douze Français, qui établirent un gouvernement provisoire, le gouvernement de Riel, qui, du jour de sa constitution, devint donc le seul gouvernement régulier et légitime de la colonie. Le principal but de ce gouvernement étant de traiter avec le gouvernement canadien des conditions de l’entrée de l’Ouest dans la confédération canadienne, le gouvernement d’Ottawa n’avait qu’à traiter avec lui, et les choses allaient se passer le plus normalement et le plus tranquillement du monde. Cela semble d’une simplicité enfantine.

Mais cela ne faisait point l’affaire des agents provocateurs des fanatiques de l’Ontario, qui, après avoir contribué à nommer le gouvernement provisoire et l’avoir reconnu, refusèrent de se soumettre à son autorité. Le gouvernement d’Ottawa, au lieu de traiter avec le gouvernement régulier du pays, ne voulut écouter que les agitateurs révolutionnaires ; et sans plus ample informé, il prépara une expédition militaire pour aller leur porter secours et renverser un gouvernement régulièrement établi au nom de la reine d’Angleterre.

J’ai observé que mes contemporains canadiens, tant anglais que français, ont une difficulté extrême à se rendre

  1. Du gouvernement impérial ou des autorités de la Compagnie de la Baie d’Hudson ? Il y aurait là un intéressant point d’histoire à élucider. Il n’a jamais été parfaitement tiré au clair.