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LES LANGUES ET LES NATIONALITÉS AU CANADA

principe et de la confusion d’idées, bases de l’imbroglio scolaire.

« L’État maître d’école ; et seul maître d’école autorisé. » — C’est une idée qui n’était jamais venue à l’esprit d’aucun homme sensé, dans les siècles passés. Comme à peu près toutes les autres bêtises modernes, cette absurdité nous vient d’Allemagne et a été inventée par le caporalisme prussien, au commencement de la seconde moitié du XIXe siècle.

Ne me dites pas qu’avant les Prussiens, Napoléon avait inventé l’enseignement d’État. Napoléon n’a jamais établi l’enseignement d’État tel qu’on l’entend et le pratique actuellement. Il avait établi un corps d’enseignement universitaire qui se recrutant en dehors de l’État, devait distribuer l’enseignement secondaire et supérieur, sans que l’État, comme corps politique, ait rien à voir dans ses méthodes et ses programmes. S’il lui accorda le monopole, ce fut pour éviter les chicanes et les jalousies entre les différents corps enseignants. Et ce fut une des nombreuses erreurs de ce grand génie de ne pas comprendre que, si les jalousies d’école à école sont déplorables, l’émulation qui en résulte compense amplement les inconvénients qui en découlent. — Mais, il n’a jamais eu l’intention de faire de l’Université de France l’instrument politique qu’elle est devenue de nos jours. Surtout, jamais l’idée ne lui vint d’étendre son monopole à l’école primaire.

Ça, c’est bien l’œuvre du gouvernement prussien, qui, depuis le temps du Grand Frédéric, cherche à transformer ses États en une vaste caserne et qui a découvert que le meilleur moyen de parvenir à son but, c’est de commencer l’encasernement dès le bas-âge. Les gosses enrégimentés à l’école, habitués à obéir aveuglément aux ordres d’un maître, qui est lui-même dirigé dans ses moindres faits et gestes par des supérieurs qui sont mus directement par le grand Boss de Berlin : tel est l’idéal de l’éducation, pour préparer de parfaits automates pour les officiers et sous-officiers boches ; puis, des rouages bien coulants pour la machine administrative, commerciale et industrielle allemande. Quand on visite une ville d’Allemagne, à la vue des nombreuses ordonnances,