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LES LANGUES ET LES NATIONALITÉS AU CANADA

son dresseur ; sans cela, il retourne à l’état sauvage ; et, s’il lui prend fantaisie de se servir des trucs qu’on lui a enseignés, il s’en servira pour mal faire et sera beaucoup plus dangereux que s’il était resté à son état sauvage naturel. Voilà pourquoi les Allemands, après avoir dressé leurs petits animaux, les embrigadent, pour le reste de leur vie, dans les solides rouages de l’administration allemande. Mais, dans les autres pays, le jeune homme, au sortir du dressage de l’école de l’État, se trouve livré à lui-même. Et, comme sa volonté n’a pas été formée par les délicates opérations d’une bonne éducation, il ne sait que faire ; et s’il veut se servir de son instruction, il y a fort à craindre que ce soit pour mal faire… De là, le grand nombre des déclassés, des inutiles et des révolutionnaires qui sortent des écoles de l’État, dans tous les pays.

Car, si l’État peut, à la rigueur, donner l’instruction, il lui est absolument impossible de donner l’éducation : ce n’est pas de sa compétence. Ses méthodes nécessairement rigides et sans souplesse, convenables pour diriger des adultes, ne peuvent que détruire ou fausser les ressorts des jeunes volontés qu’elles prétendraient former.

L’éducation doit être basée sur les principes de la religion et réglée par les lois de la morale. Or, inculquer ces principes et habituer à l’observance de ces lois, c’est l’œuvre conjointe de la famille et de l’Église. Et voilà pourquoi ces deux doivent avoir la haute main sur l’école. L’État peut et doit aider et favoriser leur œuvre ; mais, sous peine de rendre inutile et nuisible tout le travail scolaire, il ne doit pas prendre la première place à l’école… à moins qu’à l’exemple de la Prusse, il ne veuille faire de l’école une simple porte de caserne.

Mais, regardez donc un peu la collection des bonshommes que nous envoyons aux différentes législatures provinciales du Canada : et dites-moi si vous croyez que ces gens-là ont une compétence quelconque pour édicter des règlements d’éducation, ou même de simple instruction. Quand ces "nus-nus" dont la plupart auraient besoin d’aller eux-mêmes à l’école pour apprendre l’orthographe auront mis en commun leurs nullités respectives, comment voulez-vous que de la somme de tous ces zéros résulte cette autorité « infailliblement compé-