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les langues et les nationalités au canada

acte comparable à celui des Vandales de Louvain et de Reims, puisque ces langues sont les seuls monuments qui nous restent du Canada antique. Mais ce ne sont que « des jargons informes », dit-on, sur la foi de gens qui ne les connaissent pas du tout, ou qui les connaissent à la façon dont les Parisian frenchmen de Toronto connaissent le français. Prenez la peine d’étudier ces vieilles langues et vous verrez que, si elles sont moins compliquées et moins raffinées que vos langues modernes, elles ont cependant leurs beautés très réelles, et ne méritent pas du tout le dédain dans lequel les tiennent les ignorants et les étourdis.

Grâces à Dieu, dans notre Nord-Ouest, toutes ces idées commencent à pénétrer dans l’esprit de quelques Anglo-Canadiens, ceux qui veulent bien se donner la peine d’étudier une question avant d’en parler. Je crois même que quelques-uns de nos hommes politiques commencent à les entrevoir dans un vague lointain. Mais ils sont si mal entourés et on crie si fort autour d’eux qu’ils n’osent y fixer leurs esprits. Encourager ces hommes sensés, mais timides ; empêcher les autres de compromettre irrémédiablement l’avenir en faisant trop de sottises : telle me semble être la tâche de tout bon patriote canadien, quelle que soit la langue qu’il parle et à quelque race qu’il appartienne.