compter de ce moment elle reçoit une hospitalité digne d’elle, et, par les soins du roi, l’empereur de Constantinople ne tarde pas à être informé du sort de sa fille.
Il la fait d’abord ramener près de lui ; il songe ensuite à la venger. Rien ne peut désarmer sa colère ; rien ne peut le fléchir : ni la nouvelle du supplice de Macaire, ni les excuses de Charlemagne, ni ses offres de réparation. Après plusieurs ambassades inutiles, la guerre éclate entre le beau-père et le gendre. L’empereur de Constantinople, accompagné de sa fille, de son petit-fils et du fidèle Varocher, vient à la tête de cinquante mille hommes camper sous les murs de Paris. Charlemagne sort de la ville avec les siens ; les deux armées sont en présence ; elles en viennent aux prises.
À côté des chevaliers qui de part et d’autre font assaut de prouesses, Varocher se signale par des traits hardis, par des pointes audacieuses, mais qui sentent un peu la maraude et ne sont guère que des exploits de vilain. Il pénètre adroitement dans le camp de Charlemagne, d’abord seul, puis avec des compagnons âpres à la curée, et il trouve le moyen d’y faire main basse sur les plus beaux destriers, à commencer par celui du roi ; sur les plus riches armures, sur le butin le plus précieux. Début équivoque dans la carrière des armes, mais qui l’excite à y jouer un plus noble rôle. Ce vilain a senti en lui le cœur d’un chevalier ; il en désire le titre, le demande à l’empereur qu’il sert, l’obtient, revêt le haubert, lace le heaume, ceint l’épée, échange