Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
clxvij
Sommaire.

vous souvient-il plus au temps passé, et la race de Mayence ne vous a-t-elle pas toujours trahi ? C’est encore par elle que nous voici réduits à une telle extrémité. C’est par le crime de Macaire que nous avons en face de nous de mortels ennemis qui devraient être nos amis. La guerre et ses malheurs sont à nos portes. On ne vit jamais en France pareille calamité. Que Dieu et sainte Marie nous soient en aide ! Pour moi, je ne sais que vous dire. Le mieux serait encore de nous armer et de sortir de la ville pour nous défendre. Mieux vaut mourir que de rester ici en prison, puisque l’empereur ne veut entendre parler ni de merci ni de pardon et refuse toute rançon. — Qu’il en soit donc ainsi, » dit Charlemagne. Puis il fait assembler ses barons. Ils sont plus de trente mille qui montent à cheval sous la conduite du Danois, de Naimes et d’Isoré. Les portes de la ville sont ouvertes ; ils se mettent aux champs. P. 189-197.

De son côté, l’empereur de Constantinople fait prendre les armes à ses chevaliers ; ils sont bien quarante mille. Varocher ne se comporte pas en truand : s’il n’a ni palefroi ni destrier, il n’en marche pas moins derrière avec les gens de pied, armé de son grand bâton, qu’il n’a pas oublié. En voyant l’armée de Charlemagne, il donne un souvenir à sa femme et à ses enfants, qu’il n’a plus revus depuis le jour où il rencontra la reine. À le voir jouer de son bâton, on dirait un diable. — Il faut raconter un exploit de ce bon Varocher. Comme il connaît bien chemins et sentiers [1], il en profite pour pénétrer la nuit au camp de

  1. Le texte ajoute que Varocher connaît bien aussi les