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Préface.

vaincu par son adversaire. Si grand que soit le sacrifice, Ogier s’y résigne, et Charlemagne, abusé par ce généreux mensonge, n’a plus d’autre ressource que de se mettre à la merci du vainqueur.

Il députe Ogier et le vieux duc Naimes pour aller demander la paix à l’empereur de Constantinople, et les voit bientôt revenir avec un jeune et bel enfant à la tête blonde surmontée d’une plume de paon. Qui est-il ? D’où vient-il ? À ces questions de Charlemagne, c’est l’enfant lui-même qui répond, en le prenant par le menton : « Père, je suis votre fils, et si vous en doutez, voyez la croix blanche que je porte sur l’épaule. » Charlemagne, dans une étrange surprise, interroge le duc Naimes, interroge le Danois. Tous deux lui attestent que l’enfant dit vrai, et mettent le comble à sa joie et à son attendrissement en lui apprenant que Blanchefleur est vivante et consent à lui pardonner.

Ainsi préparée, la paix est aussitôt conclue. Les deux époux réconciliés rentrent ensemble à Paris, où de grandes fêtes célèbrent cet heureux événement. Varocher, comblé de présents, est institué champion en titre d’office à la cour de Charlemagne ; il retourne à sa chaumière, qu’il s’empresse de remplacer par un château avec donjon, donne à sa femme des habits de soie et de coton, et promet bien à ses deux fils qu’ils seront un jour armés chevaliers.

Tel est ce vieux poëme, dont je ne suis pas le premier à faire connaître le sujet. Il y a plus de six siècles que j’étais devancé dans cette tâche par un de nos anciens chroniqueurs, dont l’ouvrage est connu, à tort ou à raison, sous le nom