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Appendice.

Que li asnes s’andort, à la terre est versés.
Grimoars prant son asne, n’i est plus arestés.
Le pain mist de desus et les poissons delés,
Et les baris de vin dont il estoit troussés,
Puis sesi l’aguillon, .iii. fois s’est escriés :
« Het avant, Diex aïe ! » atant s’en est tornés,
Desci que l’ermitage n’est il pas arestés.
Varochers et la dame furent au main levé,
Et Looys, li enfes, qui tant avoit biautés.
Pour vooir Grimoart est chascuns à baer.
Looys l’aperçoit, si s’est haut escriés :
« Je voi là Grimoart où vient tos abrievés ;
« Un asne devant lui de vitaille est trossés. »
Encontre lui s’an vont, moult fu biau salués :
« Bien veigniés, bien veigniés ![1] » hautement escriés.
— Seigneur, dist Grimoars, Diex vous tiegne en bontés. »
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .

Moult par fu Grimoars acotés doucement.
Les poissons destroussa et le pain de froment,
Et les bariux de vin, dont il furent joiant.
Les coupes d’or reluisent el fardel duremant ;
Looys les presente li lerres meintenant.
« Amis, dit Looys, .c. mercis vos an rant.
— Sire, dit Varochers, por Dieu omnipotant,
« D’ont [vos vient cil avoirs][2] que voi ci en present ?
« Tu en as tué home, jel sai certainemant.
— Sire, dist Grimoars, vos parlés malemant ;
« Onques ome n’ocis. Dieu en trai à garant ;
« Mais Diex le vous envoie, à cui li mons depant[3] :

  1. M. de Reiffenberg : Bien veignor ! Leçon impossible.
  2. M. de Reiffenberg : D’ont mes signes à voirs, leçon inintelligible. Il faut lire avoirs, employé substantivement et avec l’s marque du sujet. Le sens est à n’en pas douter : « D’où te vient cet avoir ? »
  3. M. de Reiffenberg : à cui li mors depant. Mauvaise lecture ; il faut li mons, le monde.