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Macaire.

Ung traittre avoit en la cort, appelé Maquaire, qui estant bien en grace du roy, requist la royne Sebille de deshonneur, laquelle l’en escondit[1] et debouta du tout d’entour elle. Quant le traittre se vit en ce point, pour doubte que le roy n’en oyst parler, pensa qu’il feroit sa planche[2] au roy à la confusion de la royne. Et prist le roy une fois à privé, et luy remonstra qu’il estoit moult tenu[3] à luy garder son honneur par maintes raisons[4] qu’il luy dist. Et tant dist au roy que le roy entra en soubpesson de jalousie, et haioit le roy de ces chevaliers plusieurs. Et dit l’istoire qu’il coucha ung nain ou lit la royne, dont elle ne sot riens.... Le roy bouta hors sa femme toute grosse d’enfant. Et fut baillée à mener et conduire à ung moult nobles homs chevalier, nommé Auberi de Mondidier, lequel en la menant fut occis en ung bois en l’Ille de France, ou boys de Bondis ; et encore y est la fontaine Aubery. Et la royne s’eschappa pendant le debat, et s’adressa en la maison d’un posvre bocheron appelé Verroquier, où elle fut depuis longuement sans estre congneue de personne, et y enfanta ung filz nommé Loys. Le traittre qui occist Auberi fut moult dolant d’avoir perdue la royne et s’en retourna à la court, et dist bien à ces gens qu’ilz tenissent la chose celée.

Iceluy Aubery qui fut occis avoit ung moult biau levrier qui adès le suivoit partout, lequel levrier demoura sur la fosse où Auberi fut enterré ou bois, n’onques n’en bouja jusquez la fain l’en fist aller ; et ala droit à la cour du roy. Le levrier où qu’il trouvoit le traistre luy couroit tousjours sus. Les gens de la cour, qui bien congnoissoient Aubery et son levrier, luy donnoient à menger ; puis retournoit le le-

  1. Ms. estendit, faute évidente.
  2. Sans doute pour plainte.
  3. Ms. tenir.
  4. Ms. faisons.