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ET AUTRES POÉSIES
CLVI
Anthoine
ortune veut le rebours de mon vueil[1],
Car elle vieult ce que point je ne vueil,
C’est d’eslongner ce qu’aprouchier vouldroye,
Et ve[o]ir ce que voulentiers [ne] verroye,
Dont elle acroist de jour en jour mon dueil.
Soupirs, regrés, dueil engoisseux, plain d’ire
A ung chacun me fait compter et dire
Tous les griefz maulx qu’en mon las cueur j’amasse ;
Ma dame m’a servy de l’escondire,
A ma requeste a vollu contredire,
Dont bref mourir que vivre mieulx j’amasse.
Je n’ay pas tort, se je me plains et dueil,
Car onc homme ne toisist aveuc dueil
Plus douloureux que je suis ou que soye.
Or regardés comment m’esjoïroye :
Quant je n’eux oncq de dame ung doulz recueil ;
Fortune [veut le rebours de mon vueil.]
- ↑ CLVI. Voy. le premier vers de la pièce suivante et de la pièce CLX.