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à l’ouest de la place Sidi-Mordjiani, on remarque les deux principaux hôtels de Tunis, dont les propriétaires sont français. Le premier (l’hôtel de Paris) est tenu par M. Bertrand, le second par M. Philippe. En face l’hôtel de Paris, on voit une belle construction : le consulat d’Autriche ; après, le bureau de la Compagnie transatlantique, et enfin le Service des postes et télégraphes, desservis par des fonctionnaires français, mis par notre gouvernement à la disposition du bey.

Les parties nord, est et ouest de la ville peuvent s’appeler la ville européenne. Le centre et le sud sont exclusivement habités par les musulmans et les juifs.

Maintenant que nous connaissons ce qui constitue à peu près le quartier européen, en enfilant la rue Sidi-Mordjiani visitons l’intérieur (tout à fait oriental) de cette capitale, dont le territoire fut tour à tour la proie des Romains, des Vandales, des Grecs, des Arabes et enfin des Turcs.

Presque au milieu de la rue et à sa gauche, une grande et belle porte, surmontée d’une croix, laisse deviner une église. C’est l’église catholique, la seule qui existe dans la ville. Ancienne mosquée turque, l’intérieur est admirable en tableaux et en ornements sacrés. Elle est desservie par des moines italiens et maltais, dont le chef est un évêque in partibus, de nationalité italienne. À  une centaine de mètres de l’église, commence le bazar le plus important de la régence. On y rencontre tous les types qui composent la population indigène de la ville. Aussi la description de ce bazar suffira pour faire connaître intimement les principales industries et les usages commerciaux des musulmans et des juifs.

Ici, une longue file de boutiques laisse voir dans l’intérieur de nombreux ouvriers arabes, assis sur leurs jambes croisées et penchés sur une pièce de bois conique, sur