ques jours, aurait déclaré, après avoir entendu la sentence le condamnant à la peine capitale, « qu’il mourait avec une conscience tranquille, car ses actes, tout répréhensibles qu’ils paraissaient être, étaient dictés par un amour et une fidélité sans borne à l’égard du monarque, étant appuyés sur la conviction que le salut de celui-ci et de l’empire dépendait d’une paix immédiate avec l’Allemagne et d’une alliance contre les démocraties occidentales qui s’ensuivrait, pareille alliance étant le seul facteur pouvant sauvegarder la Russie de la révolution et du changement de régime ».
La mentalité de ce traître-patriote sui generis, lequel, en acceptant de l’argent allemand, se targuait de servir son empereur, était celle d’un certain nombre de personnages entourant le malheureux monarque. Elle était au fond celle des Protopopoff et des Sturmer. N’est-elle pas, par analogie, celle de quelques-uns parmi les chefs du parti bolchevik (Lénine, par exemple) lesquels, acceptant l’argent allemand comme moyen de provoquer l’écroulement de l’édifice social russe existant, convoitent de pouvoir, une fois ce résultat obtenu, semer le mécontentement populaire et l’anarchie dans les pays de démocratie occidentale et en Allemagne même ? À vivre si longtemps en contact avec des provocateurs-policiers avérés, dont le parti fut toujours contaminé, les chefs bolcheviks peuvent être tentés d’user de l’arme de provocation dont ils ont été parfois les victimes pour leur propre compte.
Nous avons indiqué la composition très panachée du parti et du gouvernement bolcheviks. À côté des exaltés, dont la présidence du Soviet de Pétrograde (Maria Spiridonova) représente une figure typique, à côté de personnages ambigus et mystérieux, dont le rôle ne sera dévoilé entièrement que par l’histoire — tels que Braunstein (Trotsky) Rosenfeld (Kameneff) Appfelbaum (Zinoviev), etc. — se placent les arri-