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Les aventures

que je ne l’aurois cru, j’eus assez de présence d’esprit & l’haleine assez bonne pour me lever sur mes jambes, & m’en servir le mieux que je pus, pour tâcher d’avancer du côté de la terre, avant qu’une autre vague revînt & me ressaisît. Mais je reconnus bientôt qu’il étoit impossible d’en venir à bout ; car regardant derrière moi, je vis la mer à mes trousses, mais haute & furieuse, comme une ennemie redoutable avec laquelle je ne pouvois aucunement mesurer mes forces. Tout ce que j’avois à faire, c’étoit de retenir mon haleine, & de m’élever si je pouvois au-dessus de l’eau : de cette manière je pouvoir nager, conserver la liberté de la respiration, & voguer vers le rivage. Ce que je craignois le plus, c’étoit que ce flot, après m’avoir poussé vers la terre en venant, ne me rejetât ensuite dans la mer en s’en retournant.

Celui qui vint fondre sur moi la seconde fois, me couvrit d’abord d’une masse d’eau de vingt ou trente pieds de hauteur ; je sentois que j’étois entraîné bien loin du côté de la terre avec une force & une rapidité extrême ; en même tems je retenois mon haleine, & je m’aidois encore en nâgeant de toutes mes forces. Mais j’étois prêt d’étouffer à force de me contraindre, quand je me sentis monter en haut, & tout-à-coup je me trouvai la tête & les mains hors de l’eau ;