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Les aventures

mon domicile, j’en bouchai l’entrée que j’avois laissée ouverte jusqu’ici ; tellement que je passois & repassois avec une échelle, comme je l’ai écrit ci-dessus.

Quand j’eus fait cela, je commençai à creuser bien avant dans le roc, & portant la terre & les pierres que j’en tirois à travers ma tente ; je les jetois ensuite au pied de la palissade, tellement qu’il en résulta une sorte de terrasse, qui éleva le terrein d’environ un pied & demi en dedans. Ainsi je me fis une caverne, qui étoit comme le celier de ma maison, justement derrière ma tente.

Il m’en coûta un long & pénible travail avant que je pusse mettre la dernière main à ces différens ouvrages ; c’est ce qui m’oblige à reprendre quelques faits qui occupèrent mon esprit durant ce tems-là. Un jour, lorsque je ne m’étois encore que figuré le plan de ma tente & de ma cave, il arriva qu’un nuage sombre & épais, s’étant formé dans l’air, il en tomba un orage de pluie ; soudain il fit un éclair, & bientôt après un grand coup de tonnerre ; ce qui en est l’effet naturel ; je ne fus pas tant frappé de l’éclair, que je le fus d’une pensée qui passa dans mon ame avec la promptitude de ce météore. « Ah ! dis-je en moi-même, que deviendra ma poudre ? Sans elle, avec quoi me défendrai-je ? Comment