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PRÉFACE

des romans & par des fables, tâchent de nous dédommager de la vérité par une vraisemblance habilement ménagée. On sait qu’on va lire des fables ; mais on oublie qu’on en lit ; & l’imagination, qui dans la liaison des objets qu’on lui présente, ne trouve rien qui se choque & qui se heurte, s’y attache avec tant d’ardeur, qu’elle donne rarement à la raison le loisir de venir l’interrompre dans ses amusemens. Il arrive pourtant quelquefois, sur-tout à ceux dont le bons sens est cultivé, & qui se sont habitués à en faire usage, d’être assez maîtres de leur imagination, pour ne lui pas laisser long-tems la jouissance paisible d’un plaisir causé par l’arrangement artificieux d’une quantité d’images fausses.

Le roman est par conséquent de beaucoup inférieur à l’histoire, quand on ne les compareroit que du côté du plaisir qu’on tire de leur lecture.

Dans la dernière on goûte le merveilleux sans interruption & sans inquiétude, & l’on a la satisfaction de se divertir d’une manière que la raison avoue & qu’elle augmente, en nous assurant que nous ne sommes pas les dupes de celui qui nous amuse.

Il est aisé de voir par-là qu’il est de l’in-