Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
de Robinson Crusoé.


De plus, je me représentois que je serois long-tems à faire de nouveaux ouvrages, & qu’il me falloit risquer de rester où j’étois, jusqu’à ce que j’eusse formé une espèce de campement, & que je l’eusse suffisamment fortifié pour y prendre mes logemens en toute sûreté. De cette manière, je me mis l’esprit en repos pour un tems, & je pris la résolution de mettre incessamment la main à l’œuvre pour me construire une muraille avec des palissades & des cables comme j’avois fait la première fois, de renfermer mes travaux dans un petit cercle, & d’attendre, pour déloger jusqu’à ce qu’ils fussent finis & perfectionnés. C’est le 21 que cela fut arrêté dans mon conseil privé.

Le 22 Avril. Dès le grand matin, je songeai aux moyens de mettre mon dessein à exécution : mais je me trouvai fort en arrière du côté de mes outils ; j’avois trois bisaigues, & une multitude de haches, parce que nous en avions embarqué une provision pour trafiquer avec les indiens ; mais ces instrumens, à force de charpenter & de couper du bois dur & noueux, avoient le taillant tout denté & émoussé ; & quoique j’eusse une pierre à aiguiser, je n’avois cependant par le secret de la faire tourner pour m’en pouvoir servir. Cet obstacle intrigua beaucoup mon esprit, & fut pour moi ce qui seroit un grand point de politique à l’égard d’un homme d’état, & la condam-