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de Robinson Crusoé.


Le 24 Mai. Je travaillai sur les débris, jusqu’à ce jour inclusivement, & à force de jouer du levier pendant tout cet intervalle, j’ébranlai si fort la carcasse, que la première marée qu’il y eut accompagné de vent, fit flotter plusieurs tonneaux, & deux coffres de matelots. Mais comme le vent souffloit de terre, rien ne vint au rivage ce jour-là, excepté des morceaux de bois, & un tonneau plein de porc du Brésil, que l’eau salée & le sable avoient entièrement gâté.

Je continuai ce travail jusqu’au quinzième Juin, sans pourtant déroger au tems nécessaire pour chercher ma nourriture, & que j’avois fixé à la haute marée durant ces allées & ces venues, afin que je pusse être toujours prêt pour la basse. J’avois de cette manière amassé du merrin, des planches & du fer en assez grande quantité pour construire un bateau, si j’avois su comment m’y prendre. J’avois encore enlevé, pièce par pièce, près de cent livres de plomb roulé.

Le 16 Juin. En marchant vers la mer, je trouvai une tortue qui étoit la première que j’eusse vue dans l’île : mais j’avois été si long-tems sans découvrir aucun de ces animaux, que c’étoit plutôt un effet du malheur que de la rareté de leur espèce ; car je trouvai depuis, que je n’aurois eu qu’à aller de l’autre côté de l’île pour en voir des milliers chaque jour ; mais peut-être