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de Robinson Crusoé.

lendemain de ma médecine, toute la nuit d’après, & une partie du jour suivant ; car autrement, je ne comprends pas comment j’aurois pu me trouver court d’un jour dans mon calendrier ou calcul de jours & de semaines, comme il parut quelques années ensuite que je l’étois effectivement.

Quelle que pût être la cause de ce mécompte, je me trouvai à mon réveil extrêmement soulagé, me sentant du courage & de la joie ; quand je me levai, j’avois plus de force que le jour précédent : mon estomac s’étant fortifié, l’appétit m’étoit revenu ; en un mot, le lendemain point de fièvre du tout, & j’allai toujours de mieux en mieux. Ce jour étoit le 23.

Le 30 Juin suivant même, le train de la maladie, étoit mon bon jour ; ainsi je sortis avec mon fusil ; mais je ne me souciai point de m’éloigner trop. Je tuai une couple d’oiseaux de mer, assez semblables à des oies sauvages, je les portai au logis ; mais je ne fus point tenté d’en manger, & me contentai de quelques œufs de tortue qui étoient fort bons. Le soir je réitérai la médecine que je supposai m’avoir fait du bien, j’entends le rum, dans quoi il y avoit du tabac infusé ; j’usai pourtant de quelque restriction cette fois-ci ; c’est que la dose fut plus petite que la première, que je ne mâchai point de tabac, & que ne tins point le nez sur la fumée comme auparavant. Quoi qu’il en