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de Robinson Crusoé.

rir en Barbarie plusieurs de nos esclaves Anglois, qui, à force de manger des raisons, avoient gagné la fièvre & la dyssenterie. J’eus pourtant le sercret d’obvier à des suites si terribles, & de préparer ce fruit d’une manière excellente, en l’exposant & en le faisant sécher au soleil après l’avoir coupé, & je le gardai comme on garde en Europe ce qu’on appelle des raisins secs ; je me persuadois qu’après l’Automne ce seroit un manger aussi agréable que sain ; & mon espérance ne fut point déçue.

Je passai là toute la journée ; sur le tard je ne jugeai pas à propos de m’en retourner au logis, & je me déterminai pour la première fois de ma vie solitaire, à découcher. La nuit étant venue, je choisis un logement tout semblable à celui qui m’avoit donné retraite à mon premier abord dans l’Isle : ce fut un arbre bien touffu, sur lequel m’étant placé commodément, je dormis d’un profond sommeil. Le lendemain au matin je procédai à la continuation de ma découverte en marchant près de quatre mille, & jugeant de la longueur du chemin par celle de la vallée que je parcourois : j’allois droit au Nord, & laissois derrière & à ma droite une chaîne de monticules.

Au bout de cette marche je me trouvai dans un pays découvert, qui sembloit porter sa pente