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de Robinson Crusoé.

Il me vint dans la pensée que je devrois enfermer mes chevreaux dans un certain espace de terrein, que j’entourerois d’une haie très-épaisse, afin qu’ils ne pussent pas se sauver, & que les chèvres sauvages ne pussent pas les approcher non plus ; car j’appréhendois que par ce mêlange mes chevreaux ne devinssent sauvages.

Le projet étoit grand pour un seul homme ; mais l’exécution en étoit d’une nécessité absolue. Je cherchai donc une pièce de terre propre au pâturage, où il y eût de l’eau pour les abreuver, & de l’ombre pour les garantir des chaleurs extraordinaires du soleil.

Ceux qui entendent la manière de faire cette espèce d’enclos, me traiteront sans doute d’homme peu inventif après qu’ils auront ouï qu’ayant trouvé un lieu tel que je le desirois, c’étoit une plaine de pâturage que deux ou trois petits filets d’eau traversoient, & qui d’un côté étoit toute ouverte, & de l’autre aboutissoit à de grands bois : ils ne pourront, dis-je, s’empêcher de se jouer de ma grande prévoyance, quand je leur dirai que, selon mon plan, je devois faire une haie d’une circonférence au moins de deux milles. Le ridicule de ce plan n’étoit pas en ce que la haie étoit disproportionnée à son enclos ; mais en ce que faisant un enclos d’une si grande étendue, les chèvres y