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Les aventures

cette vue je ramassai tout le bois sec qui étoit aux environs ; j’y mis le feu au haut de la colline, & quoique le vent fût violent, il ne laissa pas de s’enflammer à merveille, & j’étois sûr qu’il devoit être apperçu par ceux du vaisseau, si mes conjectures là-dessus étoient justes. Ils le virent sans doute : car à peine mon feu étoit-il dans toute sa force, que j’entendis un troisième coup de canon, suivi de plusieurs autres, venant tous du même endroit. J’entretins mon feu toute la nuit, & quand il fit jour & que l’air se fut éclairci, je vis quelque chose à une grande distance à l’est de l’isle, sans pouvoir le distinguer même avec mes lunettes.

J’y fixai mes yeux constamment pendant tout le jour, & comme je voyois l’objet dans le même lieu, je crus que c’étoit un vaisseau à l’ancre. Ayant grande envie de satisfaire pleinement ma curiosité là-dessus, je pris mon fusil à la main, & je m’avançais en courant du côté de la partie méridionale de l’isle, où les courans m’avoient porté autrefois au pied de quelques rochers : je montai sur le plus haut de tous, & le tems étant alors serein, je vis, à mon grand regret, le corps du vaisseau, qui s’étoit brisé dans la nuit sur des rocs cachés, que j’avois trouvés quand je me mis en mer avec ma chaloupe, & qui, résistant à la violence de la marée, faisoient une espèce de con-

tremarée,