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de Robinson Crusoé.

étoit devenu d’une épaisseur impénétrable de toutes parts, excepté d’un côté où je m’étois ménagé un petit passage tortueux. Je lui dis que ce qu’il voyoit étoit mon château, le lieu de ma résidence ; mais que j’avois encore, à l’exemple d’autres princes, une maison de campagne, que je lui montrerois une autre fois ; mais qu’à présent il falloit songer aux moyens de nous rendre maîtres du vaisseau. Il en convînt ; mais il m’avoua qu’il ne voyoit pas quelles mesures prendre. Il y a encore, dit-il, vingt-six hommes à bord qui, sachant que par leur conspiration ils ont mérité de perdre la vie, s’y opiniâtreront par désespoir, car ils sont tous persuadés sans doute, qu’en cas qu’ils se rendent, ils seront pendus dès qu’ils arriveront en Angleterre, ou dans quelque colonie de la nation : le moyen donc de songer à les attaquer avec un nombre si fort inférieur au leur ?

Je ne trouvai ce raisonnement que trop juste, & je vis qu’il n’y avoit rien à faire, sinon de tendre quelque piège à l’équipage, & de l’empêcher au moins de débarquer & de nous détruire. J’étois sûr qu’en peu de tems les gens du vaisseau, étonnés du retardement de leurs camarades, mettroient leur autre chaloupe en mer, pour aller voir ce qu’ils étoient devenus ; & je craignois fort qu’ils ne vinssent armés & en trop