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Les aventures

J’ordonnai au contre-maître & à Vendredi de passer la petite baie du côté de l’ouest, vers l’endroit où j’avois sauvé le dernier de la fureur de ses ennemis : qu’aussi-tôt qu’ils seroient parvenus à quelque colline, ils se mirent à crier de toutes leurs forces ; qu’ils restassent là jusqu’à ce qu’ils fussent assurés d’avoir été entendus par les matelots, & qu’ils poussassent un cri nouveau, dès que les autres leur auroient répondu : qu’après cela, se tenant toujours hors de la vue de ces gens, ils tournassent en cercle, en continuant de pousser des cris de chaque colline qu’ils rencontreroient afin de les attirer par-là bien avant dans ces bois, & qu’ensuite ils revinssent à moi par les chemons que je leur indiquois.

Ils mettoient justement le pied dans la chaloupe, quand mes gens poussèrent le premier cri. Ils l’entendirent d’abord, & courant vers le rivage du côté de l’ouest, d’où ils avoient entendu la voix, ils furent arrêtés par la baie, laquelle, les eaux étant hautes, il leur fut impossible de passer ; ce qui les porta à faire venir la chaloupe, comme je l’avois prévu.

Quand elle les eut mis de l’autre côté, j’observai qu’on la faisoit monter plus haut dans la baie, comme dans une bonne rade, & qu’un des matelots en sortoit, n’y laissant que deux autres qui attachèrent la barque au tronc d’un arbre.