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Les aventures

mes effets : il me dit, pour me tranquilliser, une infinité de choses tendres & obligeantes, qui firent enfin cesser mon extase par un ruisseau de larmes, & peu après je repris l’usage de la parole.

Je l’embrassai alors à mon tour comme mon libérateur, en lui disant que je le regardois comme un envoyé du ciel à mon secours, & que je trouvois dans tout le cours de notre aventure un enchaînement de merveilles, qui me paroissoit une preuve évidente que l’univers est gouverné par une providence, qui fait trouver dans les coins les plus reculés du monde, des ressources inespérées aux malheureux qu’elle veut honorer des marques de sa bonté infinie.

On peut bien croire que je n’oubliois pas aussi d’élever mon cœur reconnoissant vers le ciel : j’aurois dû être la dureté même, si je n’eusse béni le nom de dieu, qui, non-seulement avoit pourvu si long-tems à ma subsistance d’une manière miraculeuse, mais qui vouloit bien me tirer de ce triste désert d’une manière plus miraculeuse encore.

Après ces protestations mutuelles, le capitaine me dit qu’il m’avoit apporté quelques rafraîchissemens, selon qu’un vaisseau en pouvoit fournir, & un vaisseau qui venoit encore d’être pillé par les mutins. Là-dessus il cria aux gens de la chaloupe de mettre à terre les présens destinés

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