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Les aventures

& je me mis à délibérer avec le capitaine sur ce que nous devions faire avec nos prisonniers ; la chose en valoit la peine, sur-tout à l’égard des deux chefs des mutins, dont nous connoissions la méchanceté opiniâtre & incorrigible. Le capitaine m’assuroit que les bienfaits étoient aussi peu capables de les réduire que les punitions, & que s’il s’en chargeoit, ce ne seroit que pour les conduire, les fers aux pieds, en Angleterre, ou à la première colonie angloise, afin de les mettre entre les mains de la justice.

Comme je voyois le capitaine assez humain pour ne prendre ce parti qu’à regret, je lui dis que je savois un moyen de porter ces deux scélérats à lui demander comme un grâce la permission de demeurer dans l’île, & y consentit de tout son cœur.

J’envoyai là-dessus Vendredi & deux des ôtages (que je venois de mettre en liberté, parce que leurs compagnons avoient fait leur devoir), je les envoyai, dis-je, à la grotte pour amener les cinq matelots garrotés à ma maison de campagne, & pour les y garder jusqu’à mon arrivée.

J’y vins quelque tems après, paré de mon habit neuf, en compagnie du capitaine, & c’est alors qu’on me traita de gouverneur ouvertement. Je me fis d’abord amener les prisonniers, & je leur dit que j’étois parfaitement instruit de leur